Ajustements [PV Thélie]

Voici la rentrée de finie, celle de la majorité de l'école. Tout le monde n'est pas encore là, il manque Miss Ketricken Ou Me Rickman. Au choix. A son choix. Telle est la loi du veuvage pour les femmes: conserver le nom et se voir des prétendants refusés ou reprendre le nom de son père et devoir effacer une partie de sa vie. Peut-être une vie conjugale très brève pour la demoiselle en question mais tellement intensive. Comment ne peut-ell pas l'être avec l'homme qu'elle avait épousé. Celui que rien n'arrêtait. Celui qui tenait tête. La politesse enrobant la main de fer, la connaissance cachant ses positions. Beaucoup l'ont rencontré, peu l'ont oublié. Owen, directeur de sa maison, n'avait pas oublié son préfét en chef, Grégory Rickman. Les deux hommes avaient souvent conversé, échangé autant des livres que des opinions et des savoirs-faire. Chacun apprenait beaucoup de l'autre. Rien n'était plus clair pour l'homme à la quarantaine que l'appartenance de son élève à sa maison. Par contre il réprimandait souvent le septième année pour ses crises régulières et éxplosives qu'il faisait subir à sa maison et aux autres élèves en général.

Bref Owen Jensen se rappelait, respectait autant la personne de son vivant que de son gisant. C'était pour cela qu'il s'était battu pour que la veuve épleurée puisse avoir des droits et puisse continuer ses études avec un enfant à charge. Les négociations avaient été périlleuses et houlleuses avec la directrice. Miss Ketricken n'était pas la seule à avoir un enfant parmis les élèves (ils n'étaient pas non plus beaucoup mais quelques uns suffisaient à faire virer la balance en sa défaveur). La femme à la main de fer, ne voyait pas pourquoi elle accorderait une aide si importante à l'élève qu'elle ne connaissait guère plus, car elle ne s'échappait pas du lot à son avis, mais surtout elle n'avait pas chercher à se faire remarquer de manière brillante à écraser tout le monde. En fait la directrice ne comprenait pas et ne cherchait pas à le faire. Le professeur de Botanique, lui, compatissait véritablement avec la situation de son élève, ils étaient dans la même situations à quelques mois près.

Sortant du bureau de la directrice de Poudlard, après quelques heures de rudes discussions, L'homme put prévenir rapidement sin élève des dispositions prises à son égard. Il s edirigea et transplana directement dans la propritété de la famille Rickman, disparue mystérieusement. Là-bas attendait l'héritier et sa jeune mère. Pénétrant les lieux, détaillant du regard la magnifique demeure à la fin de l'été. Les couleurs resplandissaient dans les jardins, sur les murs blancs de la bâtisse. Tout était bien entretenu. Tout respirait le calme et la sérennité. Le quadragnéaire se rappelait du mariage, aux milles feux, qui pourtant étaient si simple. Justement c'était ce qui lui avait plu;la simplicité liée à l'endroit et aux goûts de ses élèves mélée à la complexité aristocratique et sociale. Dans les lieux, Owen et l'élève de septième année de Poufsouffle avait longuement discuter, coupé par les besoins du nouveau-né.

De retour dans l'établissement où il enseignait, l'homme appliqua aussitôt les directives pour accueillir la mère et son enfant. Des appartements furent aménagés et rénovés dans l'enceinte du chateau, juste à côté de siens. Lorsque tout fut fin prets, un hibou parvint à la famille pour leur annoncer leur bienvenue.

Nous sommes ainsi au moment où Thélie a débuté son année, et où Mr Jensen vint chez elle pour prendre des nouvelles de cette première journée. Il parcourut le couloir qui séparait son bureau aux appartements de la jeune femme. Il toqua à la porte.

Enfin ! Enfin seule, tranquille. Bon, elle n'était malheureusement pas avec Lilian, elle en était même très loin et ça la rendait nerveuse mais au moins avait-elle réussi à s'échapper de tous les fouineurs et sans gênes qui hantaient l'école. Ces gens n'avaient rien de mieux à faire, vraiment... A peine avait-elle mis un pied dans le hall de Poudlard qu'elle était déjà devenue la bête de foire du mois. Chuchotis, murmures, exclamations, questions, remarques, regards... Tout ceci la rendrait folle si ça durait. Oh, folle elle l'était peut-être déjà, c'est vrai. Mais la folie dont elle parlait la rendrait parano et psychopathe.

Pourquoi se disait-elle déjà folle ? Mais... Mais il suffisait de se rappeler comment elle avait agi du matin ! Elle avait prolongé une discussion avec quelqu'un, elle avait été touchée, elle s'était dévoilée ! Elle avait failli... Heureusement, elle s'était reprise, avait coupé court à cette folie. Plus jamais elle ne devait s'asservir, devenir faible. Oui, parfois Thélie regrettait d'être tombée amoureuse de Grégory puis de l'avoir aimé... C'était une chose si dure que de perdre l'être aimé, de devoir se répéter qu'on ne le reverra jamais. Qu'on sera pour toujours privé de sa façon de nous regarder, de ce sourire devant lesquels on se dit que rien d'autre ne compte et que tout est surmontable, de son rire qui éloigne les maux, de son esprit qui rend chaque moment unique, du goût de ses lèvres et de ses caresses qui nous font voyager dans un ailleurs où rien ne peut nous atteindre... Ca aurait été tellement plus facile de ne pas connaître tout ça pour ne pas pouvoir mesurer le vide.

Et puis, la jeune femme regardait ou pensait à son fils et elle n'arrivait plus à regretter. Comment pourrait-elle souhaiter la non-existence de son fils ? Non pas son mais leur fils d'autant plus. Sans lui, elle n'aurait pas pu admirer ce si bel être, même si elle aurait préféré pouvoir le faire avec son époux. Pouvoir partager des moments intenses à trois, comme ils l'avaient fait à deux. Non, cette idée était stérile, elle ne devait pas y penser. Il ne lui restait qu'à essayer de donner la plus belle vie possible à Lilian, pour Grégory, et de lui parler de son père. Qu'il sache quel homme il était, quel père il aurait été. Parce qu'il ne pouvait pas penser qu'il avait été abandonné, au grand jamais.

Thélie passa ses mains sur son visage. Elle voulait son fils auprès d'elle, contre elle. Elle n'aurait jamais dû demander à Loras de le garder jusqu'au lendemain. Elle regarda l'heure : fin d'après-midi. Et elle avait déjà rangé tout l'appartement. Il était encore temps ! Se levant, la jeune femme sortit sa baguette et fit apparaître son patronus. Après avoir été informée, le guépard partit à vive allure - il croisa d'ailleurs le professeur Jensen devant la porte juste au moment où celui frappait à la porte.

Les coups suivant juste le départ de son patronus surprirent Thélie qui vérifia ses yeux (au cas où une larme aurait roulé) avant d'aller ouvrir. Son directeur de maison apparut alors.
Bonjour, monsieur Jensen.

La jeune femme ne savait trop comment se comporter vis-à-vis de lui - avec respect, cela pour sûr. Il était son professeur et son directeur de maison, ainsi elle se devait d'agir en élève. En même temps, c'était grâce à lui qu'elle avait droit à ces appartements. Il s'était impliqué, avait pris son parti face à la directrice. Elle se doutait que cette bienveillance découlait de leur histoire similaire. En effet, le botaniste avait perdu sa femme et la mère de ses enfants. Cela ajoutait à la confusion de position de la Poufsouffle, parce qu'elle ne pouvait le voir uniquement en tant que professeur.

Entrez, je ne connais pas la raison de votre visite mais j'aimerais en tout les cas vous remercier pour ce que vous avez fait pour moi...

Se reculant du passage, elle invitait son professeur à entrer. De toute façon, s'il avait voulu simplement lui dire rapidment quelque chose, il l'aurait plutôt convoquée dans son bureau, pensait-elle.

Poudlard : + 5

Peu de temps, mais vraiment très peu de temps après avoir frappé, Thélie vint ouvrir la porte de son appartement. L'homme fût très surpris par cette rapidité, et ses sentiments étaient visiblement présents sur son visage. Se resaisissant aussitôt, le directeur des Poufsouffles s'éclaircit doucement la gorge.

Bonsoir Miss Ketricken.

La jeune femme lui proposa d'entrer et s'écarta promptement du passage. Owen fit quelques pas pour pénétrer dans le sas où il n'y avait guère plus de place que pour deux personnes et pour refermer la porte, acte que la demoiselle accomplit aussitôt tout en remerciant l'enseignant.

Le quadragénaire détailla son élève, elle avait les yeux fatigués, quelques cernes et puis un air de lassitude. Du moins c'est ce qu'il ressentait en la voyant. Il ne pouvait faire autrement que la comprendre, étant dans la même situation.

Je venais m'informer comment se dérouler votre installation. Si vous aviez besoin de quelque chose et puis que vous puissiez parler un instant. Connaissant la dure réalité, il m'avait semblé qu'une écoute aurait pu vous être utile.

Il parlait sincèrement car cela ne servait à rien de tourner autour des pots, avec Thélie. Bien qu'il n'y parraise pas au premier abords, le professeur de botanique s'inquiétait souvent de ses élèves et les connaissait mieux que ce qu'il montrait envers eux.

La naissance d'un enfant n'est jamais facile, je voulais que vous ayez toutes les chances de votre coté pour profiter de cet instant.

Une fois le professeur passé le seuil, Thélie referma la porte sur le petit hall exigu. Le botaniste prouva alors une nouvelle fois sa compassion et sa bienveillance sans tomber dans la pitié. Un directeur de maison qui faisait autant attention à ses élèves, mais ne perdait pas son autorité en gardant de la fermeté... Oui, on pouvait dire qu'il était le directeur parfait. Néanmoins, ce n'était pas une raison suffisante pour que la demoiselle se confie à lui. Se dévoiler était clairement devenu un danger selon elle...

Du moins, c'est ce à quoi elle réfléchissait en invitant le professeur à entrer dans la salle de séjour après l'avoir encore remercié pour gagner du temps.
Je vous remercie de votre bienveillance, décidemment je ne sais comment je pourrais vous remercier correctement. Mais je n 'ai rien besoin de plus, vous m'avez déjà beaucoup aidé.

Elle déclara ceci avec sincérité et un sourire de reconnaissance à l'adresse du professeur avant d'entrer dans le living. La Poufsouffle prônait la débrouillardise et le "tu es toujours mieux servi par toi-même" mais elle savait quand accepter et reconnaître l'aide de quelqu'un. La pièce était modeste sans être ridiculement petite et composée, à droite, d'une table en bois qui pouvait accueillir quatre personnes qui servirait de bureau mais aussi de table à manger, à gauche, d'un canapé contre le mur et une table basse devant. Deux étagères longeaient le mur face à la porte d'entrée et un buffet celui derrière la table. Deux autres portes ornaient la salle ; celle qui donnait sur la chambre était fermée tandis que la seconde béait sur une pièce complètement entourée d'étagères (certaines servant de bibliothèque, d'autres soutenaient les affaires de tous les jours comme des langes, des biberons, etc.), d'armoires et d'un plan de travail coupé par un évier devant la fenêtre, sans oublier un autre plan de travail au centre. Revenons où nous attendent nos protagnistes !

La pièce était décorée sobrement : une énorme bougie rouge dans son bougeoir trônait au milieu de la table, des tableaux se faisaient face (l'un, assez grand, au-dessus du canapé et les autres surplombant le buffet) - pas n'importe quelles toiles puisque l'artiste de deux de ces oeuvres n'était autre que Grégory, la dernière étant de Thélie, sur le buffet dansait une orchidée dans son vase, accompagnée d'une photo de Lilian.

La veuve répondit à la dernière remarque de monsieur Jensen avant de lui présenter une chaise.
En effet, je n'imaginais pas à quel point ce serait difficile... Ou si, c'était tellement inattendu que ça me hantait, mais Grégory était là pour... - se rendant compte de ce qu'elle disait, un trouble s'afficha quelques secondes sur son visage - mais il était là.

C'était la première fois depuis sa disparition qu'elle prononçait son prénom à haute voix. Etait-ce du fait de cet homme ? Ainsi que le fait qu'elle avoue ses états d'âmes aussi facilement ? Peut-être qu'au fond d'elle Thélie avait envie d'accepter la proposition de dialogue de son directeur de maison. Peut-être.
Cela doit être encore plus dur avec trois enfants...